Adoption de la fiche PSIA de l’aéroport de Genève par le Conseil fédéral : une atteinte grave à la santé de la population et au climat
Communiqué de presse / adoption du plan PSIA par le Conseil fédéral
La CARPE dénonce un mépris de la procédure de consultation et une mise en danger de la population. Malgré les centaines de prises de position dénonçant l’exposition au bruit et la dégradation de la qualité de l’air, le Conseil fédéral adopte un plan de développement de l’aéroport de Genève quasiment inchangé après la procédure de consultation. L’impact sur la santé est passé sous silence et les autorités prévoient un dépassement des normes de protection de l’air qu’elles ont pourtant elles-mêmes adoptées. L’introduction d’une courbe de bruit cible est une bonne opération de communication, mais n’empêchera pas le bruit réel d’augmenter tout au long de la journée. Enfin, le Conseil fédéral se limite à analyser la possibilité de fermer la route Konil dès 22h, au lieu de prendre dès maintenant cette décision nécessaire faisant l’objet de demandes réitérées de la part des riverains. L’initiative pour un pilotage démocratique de l’aéroport est plus nécessaire que jamais.
La CARPE déplore l’orientation fixée pour l’aéroport de Genève, à savoir une augmentation conséquente des mouvements, alors que les passagers ont plus que doublé durant les dix dernières années. Les nuisances liées à l’activité de l’aéroport n’ont cessé d’impacter négativement la région. La stratégie de développement retenue par la Confédération s’appuie sur une prévision de croissance du trafic aérien quasi sans limite, qui répond aux demandes des compagnies aériennes bien plus qu’à celles des populations concernées et de l’environnement.
Dans sa prise de position de janvier 2018, qui reste d’une actualité criante compte tenu du jeu de dupes auquel s’est livré le Conseil fédéral, la CARPE propose des modifications concrètes pour diminuer la charge de bruit et de pollution : Plan sectoriel d’infrastructure aéronautique – Procédure de participation publique pour la fiche relative à l’aéroport de Genève
Il s’agit notamment d’introduire un couvre-feu d’un minimum de 7 heures et un objectif de 8 heures, pour respecter les prescriptions de l’OMS concernant les heures de sommeil, mais aussi d’adapter les taxes ou d’abandonner l’objectif des 47 mouvements par heure et du potentiel de 236’000 mouvements à l’horizon 2030, gravés par la fiche PSIA.
L’introduction d’une courbe de bruit cible est certes une bonne opération de communication, mais s’avère trompeuse dans les faits. Tout d’abord, la courbe actuellement en vigueur, qui date de 2009 et se base sur les mouvements de 2000, s’allonge sensiblement dans ce document, touchant de nombreuses habitations supplémentaires, tandis que la courbe cible se situe dans l’épaisseur du trait. Ensuite, la courbe de bruit ne représente pas l’addition du bruit accumulé pendant la journée ni les pics, mais une moyenne lissée en fonction de l’impact calculé du bruit. En d’autres termes, il est faux d’affirmer que le bruit diminuera. Au mieux, on peut attendre une légère amélioration entre 22h et minuit trente, mais ce ne serait qu’une faible correction suite à l’augmentation constante des nuisances dans ce créneau horaire ces dernières années. L’année 2018 présente d’ailleurs une augmentation de plus d’une centaine de mouvements dans les heures nocturnes, en comparaison à 2017. La perspective de trois nouveaux vols long-courriers après 22h n’est pas pour rassurer.
Le PSIA n’est pas non plus compatible avec le Plan Climat Cantonal, qui prévoit une stabilisation des émissions de gaz à effet de serre dues à l’aviation au niveau de 2014. La mise en œuvre du PSIA entraînerait une augmentation de ces émissions d’environ 50%, alors que le dernier rapport du GIEC nous indique que nous devons diminuer les émissions de 45% d’ici 2030. Le kérosène utilisé par l’aviation représente environ 20% des carburants vendus en Suisse. La CARPE espère que le Conseil d’Etat en tirera des conséquences.
L’initiative pour un pilotage démocratique de l’aéroport de Genève reste plus nécessaire que jamais, pour fixer le cadre que les Genevois-es souhaitent donner à leur aéroport urbain, qui se trouve à seulement 3 km du centre-ville et dont le trafic impact toute la région. La CARPE suivra de près l’évolution de son traitement au Grand Conseil ainsi que la mise en œuvre de cette fiche PSIA. Elle interviendra notamment lors de l’entrée en force des nouvelles courbes de bruit et des demandes d’autorisation de construire qui interviendront.
Pour toute information supplémentaire :
- Lisa Mazzone, présidente CARPE, 077 404 16 08
- Jean-François Bouvier, association des intérêts de Vernier village : 079 330 20 19