Lettre adressée à André Schneider

Concerne : retour des vols Air Mauritius à Genève

Cher Monsieur,

Le site Web de l’AIG annonce le retour avec « grand plaisir » de la compagnie Air Mauritius à Genève-Cointrin.

Ce choix de développement laisse la CARPE dubitative. L’AIG se dit en effet prêt à discuter avec notre association afin de parvenir à une stratégie de développement qui ne péjore pas davantage ni la qualité de l’air, ni la qualité de vie des habitants. L’accueil chaleureux que l’AIG réserve à Air Mauritius va cependant à l’encontre de ces propos. Cette compagnie prévoit en effet de revenir avec la même flotte que par le passé, composée d’Airbus A 340, avions extrêmement polluants et bruyants.

Par exemple, les données ci-dessous – obtenues le 3 mars 2012 à la suite du décollage de l’Airbus A 340/313 du vol 3B-NBD/MAU75 à Genève – permettent de quantifier l’importance de l’impact sur la qualité de l’air qu’un seul mouvement des appareils de ladite compagnie a provoqué, ceci mis en relation avec un cycle d’atterrissage/décollage (entre parenthèses) considéré comme standard.

  • Emission de kérosène : 3’263 kg (2’020 kg)
  • Charge CO2 : 10’146kg (6’279 kg)
  • Gaz à effet de serre : 30’438kg (18’838 kg)
  • NoX : 87 kg (35 kg)
  • Hydrocarbures non-brûlés : 2 kg (4 kg)
  • CO : 14 kg (25 kg)

A titre d’information, ces chiffres équivalent à un tour et demi de la Terre en voiture en termes de dépense en kérosène et d’émissions de CO2 et à 36 tours en ce qui concernent les NOX.

La détérioration de la qualité de l’air provoquée par les avions d’Air Mauritius n’est pas le seul facteur qui a pu nuire à la qualité de vie des riverains de l’aéroport par le passé. Les A 340 sont en effet des avions peu puissants et extrêmement bruyants, enregistrant des chiffres allant jusqu’à 90 dB au passage sur Vernier (données relevées le samedi 21 mars 2008, à 21’53’’122).

Les horaires prévus (décollage de Genève à 21h05) alarment également la CARPE. Notre association craint en effet une répétition de ce qui s’est passé en 2008, c’est-à-dire une demande par Air Mauritius pour un départ plus tard dans la soirée, décalant ainsi les nuisances sonores à des moments encore moins opportuns. Il est également important de rappeler ici que l’heure de décollage indiquée ne correspond pas à la réalité du terrain. Cette dernière fait en effet référence au moment où l’avion quitte son terminal. Le bruit lié au décollage effectif peut cependant se faire entendre bien plus tard, d’autant plus si l’avion doit tourner au-dessus de Genève pour prendre de l’altitude.

A la vue de la pollution de l’air et du bruit engendrée par les appareils d’Air Mauritius par le passé sur les territoires genevois et de France voisine, et étant donné que la compagnie n’a pas modernisé sa flotte depuis, la CARPE s’attend donc, sauf preuve du contraire, à des externalités négatives similaires.

Malgré ces faits, l’AIG réserve un accueil enthousiaste à la compagnie, allant ainsi à l’encontre du discours officiel que ce dernier tient à la CARPE sur son bon vouloir de développement respectueux de la population et de l’environnement. Le retour d’Air Mauritius permet donc de douter de la réelle volonté de l’AIG d’arriver à un compromis acceptable visant à protéger le climat et la vie des riverains tout en répondant aux besoins de l’économie locale et du secteur diplomatique.

Par conséquent, il parait légitime à la CARPE de questionner l’AIG sur l’intégration d’Air Mauritius dans sa stratégie de développement à moyen-long terme que ce soit pour des vols en journée ou en soirée. Comment entend-il conjuguer les objectifs climatiques, que le canton de Genève s’est engagé à respecter, ainsi que la qualité de vie des riverains, avec le retour de ladite compagnie à l’aéroport de Genève ?

Nous attendons votre réponse avec impatience et restons à votre disposition pour toutes discussions.

Dans l’attente, nous vous adressons, cher Monsieur, nos salutations les meilleures.

Lisa Mazzone, Présidente de la CARPE
Nigel Lindup, Président de l’ARAG